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Tel Aviv, vendredi premier janvier 2016.

Le temps est maussade. Depuis hier soir le beau ciel de Tel Aviv s’est couvert de nuages menaçants. Depuis ce matin, il pleut une petite pluie intermittente. Il bruine. Après un séjour dans le « Dizengoff center » où les dames ont dépensé leurs shekels, nous empruntons cette Dizengoff réputée, léchant des vitrines en passant. Nous, c’est à dire Ida, notre fille Évelyne et une amie puis moi.

Midi est bien dépassé, les estomacs réclament leur part et la faim se fait sentir.

Nous marchons doucement, cherchant un restaurant engageant, où il y a de la place et où la musique ne vienne pas nous « casser les oreilles ».

C’est vendredi, beaucoup de jeunes dans ces restaurants bruyants et animés pendant les heures qui précèdent le shabbat qui doit commencer vers 15 heures. Un premier établissement nous plairait bien, mais il est bondé puis la musique est tonitruante. Enfin, un peu plus loin, au coin de la rue Gordon, un établissement nous convient. Mais où s’installer. L’intérieur plein à craquer. La terrasse de la rue Gordon est aussi comble. Reste une table, assez mal placée sur la terrasse rue Dizengoff. Le serveur, aimable et serviable nous installe sous l’auvent et approche une colonne chauffante. Avec ce temps pluvieux il ne fait pas chaud. Heureusement la pluie s’est arrêtée. Nous commandons nos repas quand soudain une pluie se met à tomber assez drue. L’auvent ne suffit pas à nous protéger. Le serveur, malgré son désir n’a rien à nous offrir pour s’abriter. Nous quittons ce restaurant et plus loin, boulevard Ben Gurion, nous trouvons enfin un lieu accueillant qui de plus propose une belle carte de plats intéressants.

À peine avions-nous commandé nos plats que trois voitures de polices toutes sirènes hurlantes arrivent à toute vitesse et tentent de se frayer un chemin parmi les autres automobilistes, tournent l’angle de la rue Dizengoff. Bientôt c’est une ambulance qui arrive aussi puis deux.

À l’évidence, il se passe quelque chose de grave. Ma fille consulte son téléphone et nous apprend qu’une fusillade a éclaté dans la rue Dizengoff, donc tout à côté. Elle apprend très vite que des personnes sont blessées dont quelques unes gravement.

Nous terminons notre repas et rentrons dans notre logement. Là, par la télévision nous apprenons ce qui s’est passé et que maintenant tout le monde connaît.

Un Arabe israélien vient de blesser neuf personnes dont deux décèdent sur place. Cet homme est entré dans une supérette alimentaire bio, portant un sac à dos. Grâce à une caméra de surveillance on le voit préparer un achat puis se raviser. Ensuite, calmement, il se dirige vers la sortie, pose son sac sur trois caddies près de la porte, en extrait un pistolet mitrailleur, sort et se tournant vers la gauche tire en direction de la terrasse du restaurant d’à côté. Là où c’était porté notre premier choix. De nombreux jeunes sont attablés. Le tueur tire au jugé et dévie son arme vers la droite. Cela explique sûrement qu’une personne aurait été blessée sur le trottoir d’en face. Il semble qu’il ait vidé son chargeur (25 cartouches probablement) et aurait remis un autre chargeur. Il s’est alors tourné de 180 degrés, et dans l’autre direction il a encore tiré une rafale, mais sans blesser personne. Juste deux grandes glaces du restaurant japonais se sont écroulées en mille morceaux. Le tueur part alors en courant, passe devant le restaurant où nous devions déjeuner si la pluie ne nous en avait chassés, puis se perd dans la foule. Il est un peu plus de 15 heures.

Pendant ce temps de nombreuses ambulances sont arrivées.

Plus un véhicule équivalent à nos SAMU. Les blessés sont pris en charge puis acheminés dans les hôpitaux.

Toute l’après midi et même tard dans la nuit nous allons entendre les sirènes des voitures de police qui parcourent la ville en tous sens. Les policiers cherchent le tueur.

Personne ne sait si, il possède encore des cartouches. Si c’est le cas, tous les promeneurs sont en danger. Selon la télévision il est recommandé de rester chez soi.

Vers 18 heures, la police autorise les gens à se déplacer mais en restant vigilants.

Le lendemain, devant le restaurant où s’est déroulé ce carnage, des personnes apportent des bougies, les allument et les posent par terre là où se sont écroulés les blessés.

Des photographes et des cinéastes « mitraillent » les lieux. Des particuliers prennent des photos avec les téléphones. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou viendra se recueillir. Des gens pleurent, s’embrassent. Peu parlent. Le silence est assez général.

Le temps passe. Un jour, deux jours.

Il faut que la vie continue. Alors, les tenanciers du bar restaurant remettent en état leur établissement. Ils grattent le trottoir, là où les nombreuses bougies ont laissé des traces de coulures. Difficile à enlever.

Ils font ça, les lèvres serrées, sans un regard pour les personnes qui continuent à installer des bougies, ni pour les photographes professionnels et amateurs qui continuent à « mitrailler » ce lieu.

Rétrospectivement, nous réalisons que ce tueur aurait pu nous massacrer si, nous avions choisi le restaurant où a eu lieu le massacre et également si nous étions restés dans l’autre restaurant, un peu plus loin, mais situé sur le parcours du tueur.

Nous avons échappé de peu à cet attentat.

Marcel Apeloig – Janvier 2016

Les lieux de l'attend le jour même.
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Les lieux de l'attend le jour même.

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